Interview
d'Yvonne Millerand
Propos
recueillis par Françoise Blévot en février
2005
Yvonne Millerand est une des fondatrices de
la FNY, avec Roger Clerc, Nil Haoutoff,
Solange Demolière, Claude Peltier et Eva
Ruchpaul. Elle a largement contribué à faire
connaître un yoga de qualité, issu d’une
grande lignée de maîtres indiens (elle fut
l’élève deTirumalai Krishnamacharya),
divulgué en France sous le nom de « Yoga de
Madras »
FB :
Ton premier enseignant fut Lucien Ferrer,
comment l’as-tu connu ?
YM : C’est ma mère qui m’a parlé
de Lucien Ferrer. Elle suivait ses cours… et
j’avais remarqué qu’elle était plus souple
que moi ! Elle m’a offert mes premières
leçons, afin que je fasse à mon tour sa
connaissance.
FB : En quoi son enseignement
différait-il de la gymnastique ?
YM : La différence avec la
gymnastique venait du fait qu’il nous
enseignait des mouvements associés à la
respiration. Par exemple, expirer en
croisant les bras sur une flexion, remonter
sur l’ inspiration en écartant les bras. Il
n’imposait pas de rythme, chacun faisait
comme il pouvait ; certains allaient trop
vite. Il faisait faire aussi des postures.
FB : Statiques ? Nous voilà
déjà dans Asana !
YM : Oui, mais il n’utilisait pas
ce mot-là !
FB : D’où lui-même tenait-il
son savoir ?
YM : Pour élaborer sa propre
méthode, il s’était inspiré de plusieurs
livres, mais principalement de « The Tibetan
Book of the Great Liberation » (sous-titré
« Or the Method of realizing Nirvãna through
knowing the mind »). Il organisait par
ailleurs des réunions permettant à ses
élèves de découvrir des pratiques d’origine
orientale. Par exemple, il avait fait venir
quelqu’un qui « pratiquait le OM ». Comme
par ailleurs, il était pris par son métier
principal, et son activité de
« guérisseur », petit à petit je me suis
mise à lui servir d’assistante (ainsi que
Roger Clerc), et à faire travailler ses
élèves. Tout ce que j’apprenais, je le
diffusais au fur et à mesure… ou
j’inventais… ou je cherchais par moi-même à
approfondir certaines notions.
Alors
qu’un jour je parlais aux élèves de la
descente du diaphragme sur l’inspiration,
pour qu’ils comprennent le mécanisme de la
respiration, Monsieur Ferrer est passé dans
la pièce et m’a entendue. Il m’a ensuite
reproché cet exposé ; « Ce n’est pas de la
respiration que tu dois parler, c’est de
l’énergie ! » J’étais furieuse ! Je pensais
avoir le droit d’expliquer aux élèves ce
qui se passe dans leur corps !
A
partir de ce moment-là je ne l’ai plus cru.
Douze années s’étaient passées depuis mes
débuts chez lui. En 1964, il décéda. Je me
trouvais sans directives, et je voulais
apprendre… Une personne qui suivait mes
cours, Madame Klein, me parla de sa fille et
son gendre qui avaient vécu à Madras. Elle
m’invita avec eux ; ils m’informèrent de
l’existence d’un maître réputé,
Krishnamacharya, et à ce moment-là le projet
de partir prit tournure.
La
fille de Madame Klein (qui deviendra la
danseuse Malavika) était déjà sur place à
mon arrivée, elle m’accueillit, m’installa à
l’hôtel (tenu par le frère de Ravi
Shankar !) et arrangea un rendez-vous avec
Krishnamacharya.
Elle
m’accompagna pour la première entrevue, qui
eut lieu le 3 septembre 1965. La première
question du Maître fut :« Pourquoi avez-vous
quitté votre maître ? » Malavika et moi
avons répondu d’une seule voix «Mais il est
mort, Sir ! » Il stipula immédiatement
après ; « Si vous voulez travailler, ne
mangez ni œufs, ni viande, ni poisson ! »…
Puis il me demanda ce que je savais faire…
Alors là, je me suis mise à faire n’importe
quoi ; cambrer, sur le côté…, j’étais en
forme !!! (rires) Il m’a regardée et a
laissé tomber : « Vous ne savez rien ! Vous
ne respirez pas ! Vous sautillez comme un
oiseau ! Vous avez tout à apprendre. Revenez
demain à cinq heures ! » Ainsi ont commencé
neuf mois de travail, de séances
quasi-quotidiennes, d’une durée d’une heure…
Sauf lorsqu’il en annulait une par-ci
par-là en dernière minute… Ce qui est une
mise à l’épreuve classique !
FB : Quels étaient les points
de la pratique sur lesquels il insistait
particulièrement ?
YM : La longueur de l’expiration.
A raison de plusieurs leçons par semaine, il
a commencé par des postures simples. Il me
fallait associer la respiration et le
geste ; la respiration régissait la vitesse
à laquelle s’élevaient les bras, par
exemple ; plus lent était le souffle, aussi
lent était le geste. Ensuite il m’a appris
le son glottique, à le situer dans le cavum,
la cavité qui se trouve en arrière des
fosses nasales, et à chercher une légère
vibration à l’intérieur de la tête,
mâchoires et langue détendues… On est bien
quand on fait ça !!
Chaque asana est soutenu par la respiration
profonde, qu’elle soit statique ou
dynamique. Il n’y a aucune exception ; il
faut sentir le mouvement à accomplir en
fonction de la lenteur possible du souffle.
Par exemple, toute rotation du buste se fait
en expirant, on inspire en ramenant le buste
à la position de départ. Inspirer et expirer
sont des actes naturels, mais en intercalant
des temps d’arrêt, tout change, le contrôle
exercé semble être une affirmation de la
vie, et donne l’impression d’exister mieux,
en gérant les deux grandes fonctions de
la respiration et de la circulation, qui
dépendent l’une de l’autre. Ce que je
préférais dans les Pranayama c’était Nadi
Shodana et Pratiloma. La délicatesse du
souffle demandait une attention totale, en
ayant conscience du vide intérieur, « the
inside sight »… Je ne puis décrire tout ce
que j’ai appris, mais je ne l’ai jamais
oublié !
Au
bout d’un moment, il m’a suffisamment fait
confiance pour me suggérer d’utiliser le
mot « Narayana », autre nom de Vishnou, au
cours des Pranayama. Il l’a prononcé en
accentuant la lettre « r », qu’il faut
rouler, puis me l’a fait répéter après lui,
jusqu’à ce qu’il soit satisfait de ma
prononciation… Il a ajouté « Ce nom sacré
appartient à ma tradition, à vous de trouver
dans votre propre culture le nom qu’il vous
convient de prononcer au plus profond de
vous-même »… Il me laissait libre de toute
influence, je ne pouvais que l’en remercier…
Après
certaines postures, il m’a expliqué le rôle
des contre-poses, destinées à effacer
certains effets négatifs d’un asana tenu
longtemps.
J’ai pu
aussi commencer les Pranayama les plus
faciles, Anuloma Ujjayi et Viloma Ujjayi.
Krishnamachrya me disait souvent « High up
the chest » pour que je commence à inspirer
en élevant la cage thoracique en faisant
parvenir le flux d’air jusqu’à la base des
poumons. Il a ensuite insisté sur
l’expiration, en utilisant les muscles
abdominaux et ceux du périnée, dont le
releveur de l’anus.
FB : Quel était pour lui le
but d’asana ?
YM : Pénétrer au moyen de
l’attention dans des zones auxquelles on n’a
pas accès. Dans les postures, il insistait
sur la recherche de sensations spécifiques
raffinées, telles que tourner en expirant
lentement pour sentir le rôle des dernières
côtes, par exemple. Asana permet de toucher
toutes les parties du corps par des
combinaisons différentes. Il tenait aussi
beaucoup au fait que la posture pouvait être
améliorée par une attitude détendue, et
devait sans cesse être soutenue par la
respiration en quatre phases, inspiration,
suspension pleine, expiration, suspension
vide.
Il
attachait énormément d’importance à la
notion de viniyasa, séance comportant un
« sommet », une posture principale. Il
aimait monter doucement vers les choses
difficiles, attendre pour en avoir tout le
bénéfice.
Il m’a
fait faire des postures que je ne
connaissais pas, sans jamais m’imposer les
noms sanskrits… Lorsqu’il le pouvait, il
utilisait l’anglais ; « bed pose, hill pose,
shoulder standing, head standing… Par contre
il m’a appris tous les noms sanskrits des
Pranayama. Après un temps, il me faisait
prendre mon pouls avant la leçon, et après
les postures difficiles, à la fin du cours.
Je ne devais pas dépasser 65 pulsations par
minute ; il s’assurait ainsi que ma
respiration avait parfaitement accompagné
l’effort fourni.
FB Avais-tu l’impression
qu’il était inventif ?
YM : Absolument, il a cherché à
sortir des enseignements trop figés.
FB : Dans sa jeunesse,
Krishnamacharya est parti à pied, de Mysore
jusqu’aux contreforts de l’Himalaya, pour y
rejoindre un maître auprès duquel il a vécu
plus de sept ans… Peut-on dire que,
finalement, le « Yoga de Madras » est plus
tibétain que du sud de l’Inde ?
YM : Pourquoi se poser la
question ? Le Yoga est unique, il n’a pas
besoin d’étiquettes !
S’il y
avait une distinction à faire, ce serait
plutôt du côté des maîtres ! Il y en a de
bons, il y en a de mauvais ! Krishnamacharya
ne parlait jamais ni de son maître, ni de
son apprentissage, du moins à cette
époque-là.
FB : L’aspect spirituel du
Yoga tenait-il une place dans ta démarche
initiale, ou as-tu découvert cette dimension
auprès de Krishnamacharya ?
YM : Il m’est arrivé des choses
très curieuses que je n’ai ni cherchées ni
forcées, et qui m’ont fait découvrir et
comprendre l’aspect spirituel que pouvait
prendre un travail sur le corps. Je l’ai
compris après. Je ne demandais rien, je ne
savais pas ce qu’il allait m’arriver….et
j’ai reçu. J’avais déjà commencé à recevoir
avant mon départ, car c’est grâce à la
générosité de mes élèves que j’ai pu faire
cette expérience. Cela a compté aussi.
FB : Y avait-il des séances de
méditation ?
YM : Il y avait des arrêts ;
j’étais portée par son souffle, par ce qu’il
ressentait lui-même… Il m’arrivait d’ouvrir
les yeux et de le voir devant moi comme une
flamme… Il y avait une communication sans
paroles d’une grande puissance…. Mais il
n’utilisait pas le mot méditation. Il
parlait de concentration… Il ne faut rien
chercher ; ne pas vouloir quelque chose, ne
pas attendre. J’avais été plutôt déçue par
mes expériences précédentes, et ce que je
voulais, c’était apprendre… J’étais sans à
priori, dans une confiance totale, c’était
un bon terrain pour recevoir !
FB : C’est cela la vocation,
tu étais appelée !
YM Peut-être bien…
FB : La relation guru/disciple
est intime et respectueuse à la fois, c’est
très codé, intransportable en Occident.
« Guru et disciple doivent se tenir l’un
près de l’autre, et s’entretenir sans
témoin » a-t-il dit.
YM : Il est exact que c’est un
mode d’échange qui n’est pas applicable chez
nous. Mais on peut très bien respecter son
maître, parce que c’est lui qui enseigne, et
l’aimer. Il y avait, par moments, lorsque
nous faisions ensemble du Pranayama, une
communication par la légèreté. Il savait si
bien donner, partager ce qu’il avait trouvé
par lui-même, là où il en était, lui.
FB : En Occident, quel serait
le mode de transmission idéal ?
YM Il ne peut y avoir de lignée
traditionnelle « à l’indienne », mais un
formateur a le devoir de transmettre le
flambeau à quelques élèves chez qui il a
détecté une compréhension particulièrement
fine et aussi de la sincérité dans un esprit
de confiance complète. Transmettre ne doit
pas être égoïste, l’expérience se doit
d’être profonde. Béatrice et toi, ainsi que
Charlotte, Gérard et Daniel, continuez à
faire connaître cet enseignement. Vous avez
compris le sens de mon travail et de mes
recherches, dans l’esprit de rigueur,
d’humilité et de tendresse qui me tient à
cœur. Je pense souvent aussi à ceux qui
m’ont suivie avec fidélité jusqu’à la fin de
mon enseignement, beaucoup d’ailleurs
continuent de me témoigner de l’affection.
FB : Krishnamacharya était un
personnage impressionnant, redouté même de
son épouse et de ses enfants… Te faisait-il
peur ?
YM : Pas du tout ! Il me parlait
un peu durement, mais cela m’était égal…
Cela cachait autre chose. Une sorte de
familiarité s’est établie entre nous, il me
semblait qu’il était content de me voir…J’ai
osé lui poser des questions… « Comment se
comporte un Yogi, face à la misère des
rues… ? » J’avais vu un cadavre sur le sol
dans une rue de Madras, dans une
indifférence totale des piétons, dont
certains l’ont enjambé sans un regard… Il
m’a répondu : « Je m’occupe de ceux qui sont
proches de moi, lorsque je peux intervenir
de façon efficace, nourrir ou soigner celui
qui couche devant ma porte ou le long du mur
de ma maison… Alors je le fais.. Pour les
autres, je prie ».
FB : Son enseignement aux
Occidentaux différait-il de celui prodigué
aux Indiens ?
YM : Je ne pense pas, mais je
crois qu’il lui arrivait de déplorer, toutes
origines confondues, que certaines personnes
avaient le corps trop abîmé ; il estimait
sans doute qu’il devenait difficile sinon
impossible de guider les systèmes de
régulation…
FB : Krishnamacharya
t’a-t-il fait partager d’autres facettes de
son érudition ?
YM : Non, jamais ! Lorsque
j’arrivais, il déposait les livres qu’il
avait sur les genoux et on commençait.
FB : J’ai entendu dire à
plusieurs reprises que c’est l’intérêt des
Occidentaux pour le Yoga qui a donné
à cette discipline un regain de faveur de la
part des Indiens. Qu’en penses-tu ?
YM : Absolument !
FB : L’adaptation occidentale
n’a-t-elle pas son origine dans le fait que
chez nous les pratiquants sont
majoritairement des femmes, et cela depuis
le début ?
YM : On va vers une féminisation
du Yoga… On évitera un yoga « plan-plan » si
on respire comme il faut, dans l’immobilité.
Beaucoup ne veulent pas faire l’effort, ou
ont peur de s’y prendre mal. Il faut
travailler un certain temps pour se rendre
compte de la qualité. C’est l’observation de
soi-même après les postures, la prise de
conscience que cela fait émerger des
sensations inconnues qui maintiendra le
pratiquant sur le chemin.
FB : Que penses-tu de
l’actuelle évolution occidentale du yoga ?
Que faire selon toi pour que cette
inévitable transformation ne tourne pas en
dérive ?
YM : On a la chance d’avoir les
Sutra de Patanjali. Il faut étudier ce que
cela veut dire. Se tortiller, tout le monde
le peut !! Le pourquoi de la chose - c’est
si beau !- se trouve dans les Yoga-Sutra. Il
serait déplorable d’aller vers un yoga plus
superficiel dont on aurait perdu le suc…
FB :
Quelle est, selon toi, l’attitude juste du
professeur par rapport à la recherche
spirituelle d’un élève ?
YM : Si on lui donne l’envie de
se trouver, c’est bien… Mais on n’a pas à
l’influencer… Il faut garder de la distance,
ne pas donner prise. Le « coaching
spirituel » peut être un piège pour l’un
comme pour l’autre.
FB : A ton retour, comment
as-tu développé ton propre style, ta
créativité (qui était grande !)
YM : (rire) Je ne l’ai pas
fait exprès !! Ceci dit, lorsqu’on peut
recevoir quelque chose de bon dans une
culture, il ne faut pas le manquer.
Il a
fallu que je décante… Krishnamacharya ne
parlait pas d’anatomie, il évoquait
l’élasticité du corps… Je me suis plongée
dans des livres d’anatomie, de physiologie
respiratoire.
Et
puis vient la mise en pratique ; c’est comme
si on ouvrait des portes successives, et on
est à chaque fois dans un autre domaine. Il
y a l’action physique et puis l’effet, qui
émerge et qui doit être accueilli, car il
nous amène à une façon différente d’agir… Ce
n’est pas possible pour tous. Je ne me suis
jamais arrêtée de chercher à comprendre
comment développer la sensibilité du corps.
J’ai
donc retrouvé une salle et mes fidèles
élèves. La première rencontre fut joyeuse,
ils voulaient tous que je leur parle de
l’Inde et du Maître. J’avais décidé de
donner des leçons d’une heure et demie,
pour, après les postures, avoir le temps
d’expliquer et de commenter l’étude des
Pranayama. Il fallait changer leur façon de
respirer, assouplir les épaules et la cage
thoracique pour être à même de commencer
l’inspiration par le haut de la cage, puis
d’expirer en utilisant le bas du ventre et
le muscle releveur de l’anus, en respectant
les arrêts poumons vides et pleins. Ce fut
une révolution pour tous… Les postures
furent dynamiques et statiques, ce qu’ils ne
connaissaient pas non plus, ainsi que le
« son du nez » et celui d’ « Ujjayi ».
Plusieurs mois furent nécessaires pour leur
permettre de s’adapter à des découvertes
successives. Je désirais que, par leur
travail, les élèves soient plus
intériorisés, que la fusion du corps et de
l’esprit les amène à se découvrir en
profondeur, à être moins matérialistes pour
instaurer un calme intérieur stable, et à
trouver ce qui était le plus important dans
leur vie.
Le
travail que j’avais fait sous l’égide de
Krishnamacharya a amplifié ma sensibilité
physique et psychique. J’avais changé !
Il n’y
avait jamais deux leçons semblables. Je
respectais le « Vinyasa », la préparation
d’une posture et son exécution ensuite.
Certaines postures ne peuvent être acquises
qu’après des mois d’approche lente, comme
celle du lotus; les hanches, les genoux et
les chevilles sont raides le plus souvent,
et il faut les assouplir avec douceur. Les
diverses difficultés rencontrées par les
élèves m’ont amenée à trouver des
palliatifs pour les aider à surmonter
certains blocages, et à créer de nouvelles
variations.. Le grand principe de « Sthira-Sukha »
était notre règle de base : « Aisance et
Fermeté » ! Retrouver mes élèves était une
joie toujours renouvelée…
FB : Tu as été une pionnière
et une exploratrice ! Il y a un proverbe
chinois qui exprime bien ce que j’éprouve
lorsque je pense à toi (et je ne suis
sûrement pas la seule !) : « Quand tu bois
l’eau du puits, n’oublie pas celui qui l’a
creusé ».